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Face à la dégradation de l’accès aux soins, l’UFC Que Choisir attaque l’Etat pour inaction

L’UFC-Que Choisir a déposé un recours au Conseil d’État en novembre dernier, dénonçant l’inaction du Gouvernement, afin que des mesures coercitives permettant d’assurer l’égal accès aux soins des patients soient enfin prises.

Elle publie une nouvelle étude qui montre l’aggravation de ces inégalités en actualisant sa carte interactive. Les Français ont de moins en moins de médecins à leur disposition. De plus, leur répartition géographique est particulièrement inégalitaire.

De moins en moins de médecins, jusqu’en 2028

Jusqu’à 25,3 millions d’usagers vivent dans un territoire où l’offre de soins libérale est insuffisante. Le littoral et les zones urbaines denses s’en sortent dans l’ensemble ; ce qui n’est pas le cas des zones rurales, en particulier celles proches du centre du territoire métropolitain et éloignées de la mer et de la montagne.

En 2023, plus de 9 millions de Français sont sans médecin traitant, et 23,7 % de la population rencontre des difficultés d’accès aux généralistes. Les bénévoles de UFC Que Choisir ont interrogé plus de 2600 généralistes ; 51,5 % d’entre eux ont affirmé ne plus accepter de nouveaux patients.

En ce qui concerne les spécialistes, l’UFC Que Choisir a associé la dimension géographique et financière, ne prenant en compte que l’accès aux praticiens ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires. La situation est alors catastrophique en ce qui concerne l’accès aux spécialistes, tant dans les zones rurales qu’urbaines.​

Ille et Vilaine relativement «préservée»

Si, en Ille et Vilaine, comme dans la majorité des départements français, la situation de déserts médicaux s’aggrave, elle reste cependant parmi les moins problématiques par rapport aux moyennes nationales. 15 % des habitants ont d’importantes difficultés pour l’accès à un généraliste (tarif sécurité sociale). Au niveau des spécialistes, 14,7 % des habitants ont des difficultés géographiques et financières (dépassements d’honoraires) pour consulter un ophtalmologue, mais 36,5 % pour un pédiatre et 60,7 % pour un gynécologue.

Des politiques publiques inadaptées depuis plusieurs décennies

L’origine du problème de la démographie médicale insuffisante est la volonté politique de pallier le déficit de la Sécurité Sociale. Pour les pouvoirs publics (dans les années 1975), il est nécessaire de réduire les dépenses, donc de diminuer le nombre de médecins dont les prescriptions médicales sont beaucoup trop nombreuses et coûteuses pour la sécurité sociale. Et pour réduire le nombre de médecins, il suffit d’en former moins (le fameux numerus clausus).

Un facteur important n’a pas été pris en compte : l’évolution de l’âge de la population française, et celle des médecins ! Le vieillissement de la population entraîne globalement une hausse des besoins de soins médicaux, ainsi que des départs à la retraite… des médecins, aussi. Et ces médecins ne peuvent pas être remplacés puisque le nombre de praticiens formé a été fortement restreint par le numerus clausus. Si gouverner est anticiper, le pilotage des pouvoirs publics dans ce cas s’avère particulièrement inepte.

La suppression de ce numerus clausus et la création d’un numerus apertus (projet de loi destiné à renforcer la prise en compte des besoins de santé du territoire par rapport aux capacités de formation des universités) sont des solutions à moyen et long terme.

Une solution à court terme : réguler l’installation des médecins

Dans un contexte de pénurie médicale, la liberté d’installation des médecins est de plus en plus difficilement soutenable. C’est justement parce qu’il y a pénurie que l’installation des médecins doit être limitée dans les zones les plus denses ; régulation qui existe dans d’autres professions médicales.

Les pouvoirs publics sont tétanisés face au refus des médecins d’une quelconque atteinte à leur liberté d’installation. Aujourd’hui, de nombreux élus (fortement sollicités par leurs électeurs, les acteurs médico-sociaux et associatifs dont l’UFC Que Choisir), commencent à soutenir des initiatives parlementaires visant à réguler l’installation des médecins.

Nous vous invitons à consulter la carte interactive et à soutenir notre action en signant et à partager massivement la pétition « Accès soins – J’accuse l’État  » dans le cadre de la campagne #MaSanteNattendPlus.

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Pour en savoir plus 

Dossier Que Choisir :

https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-aggravation-de-l-acces-aux-soins-l-ufc-que-choisir-attaque-l-etat-pour-inaction-n113418/

https://www.quechoisir.org/carte-interactive-fracture-sanitaire-n21245/

Proposition de loi visant à améliorer l’accès aux soins par la territorialisation et la formation – 2023

https://www.vie-publique.fr/loi/292250-acces-aux-soins-numerus-apertus-formation-proposition-de-loi