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Le glyphosate, un pesticide « cancérogène probable » de nouveau autorisé par l’Union Européenne ?

Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé dès 2015 le glyphosate comme cancérogène. L’INSERM alerte sur son impact sanitaire désastreux. Néanmoins, la Commission européenne appelle à la ré-autorisation de son utilisation pour… 10 ans !

Toutefois, les 27 pays de l’Union Européenne ne sont pas parvenus à s’accorder sur ce renouvellement, le 13 octobre. Un second vote est prévu en novembre. Nous restons vigilants !

Qu’est ce que le glyphosate ?

C’est une molécule herbicide de synthèse présente dans plus du 1/3 des produits pesticides utilisés dans le monde, produit par Monsanto (RoundUp), désormais racheté par le groupe d’agrochimie Bayer. 700 000 tonnes de glyphosate sont vendues dans le monde par an, dont 8 000 tonnes en France. Et cette «consommation» a plutôt tendance à augmenter (+25 % dans les 10 dernières années).

Pesticide total, il détruit tous les végétaux, exceptés les semences OGM (organisme génétiquement modifié) produites par Bayer/Monsanto, résistantes au glyphosate ! Ces semences sont très utilisées dans les cultures au Canada, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud.

Sur le marché depuis les années 70, il est vendu comme produit inoffensif. «c’est du sel sur la table» expliquaient les producteurs ; la pub vantait le «1erdésherbant biodégradable». Et, en plus, il permet d’augmenter les rendements. Il s’est donc particulièrement développé en couplage avec les semences OGM.

Aujourd’hui, il est évident que cette technologie chimique favorise une forte industrialisation des systèmes agricoles : la gestion de très grandes surfaces avec peu de main-d’œuvre est très rentable économiquement. Son utilisation participe à la déforestation de grandes surfaces de terres (Amazonie…) et au développement des monocultures (huile de palme, soja…).

De plus, il est désormais prouvé que les pesticides ont des conséquences désastreuses su la biodiversité, la qualité des eaux et des sols, la santé via l’alimentation et l’air. C’est une étude du CIRC (Centre international de recherche contre le cancer. Organisme d’expertise de l’OMS), en 2015, qui démontre que ce produit «est probablement cancérogène» (niveau de preuve élevé).

On se perd dans des avis divergents ! 

L’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA) déclare que le glyphosate n’a aucun danger. Le Centre International de Recherche sur le Cancer/CIRC dépendant de l’Organisation Mondiale de la Santé/OMS conclut que le glyphosate est nocif et probablement cancérogène.

Les 2 avis se basent sur des données d’études différentes. Et il faut savoir que la réglementation européenne impose que, seules, les agences européennes de santé et de recherche donnent des avis obligatoires sur lesquels l’exécutif européen doit se baser. Ces avis reposent sur un procédé d’études et de données réglementaires demandés aux industriels.

Autrement dit, l’avis obligatoire de l’Agence repose uniquement sur les études, certes réglementaires mais élaborées et financées par les professionnels. Pire, les résultats des tests sont secrets et confidentiels pour des raisons de propriété intellectuelle. La communauté scientifique ne peut donc se prononcer sur ces résultats. Ainsi, de part la réglementation européenne, les agences excluent de leurs analyses nombre d’études sur la génotoxicité de cet herbicide et se base sur les allégations du groupe Bayer.

Pour l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA), le glyphosate n’est pas cancérigène, tout en concédant qu’il convient, néanmoins, de fixer quelques restrictions dans son usage, faute de données !

En revanche, le CIRC, se base sur les études scientifiques internationales (plus de 45) d’organismes de recherche publique réputés (INSERM, CNRS, INRAE… pour la France). Il en conclut que le glyphosate est nocif (probablement cancérogène, neurotoxique, génotoxique, reprotoxique, perturbateur endocrinien).

La Commission Européenne devra se prononcer le 13 octobre, sur l’autorisation de recommercialiser ce produit pendant 10 ans (une durée exceptionnellement longue). L’impact des lobbys de l’agrochimie sur la décision bruxelloise semble flagrant.

La position de l’UFC Que Choisir

Sur la base des alertes scientifiques, et rappelant le principe de précaution, l’UFC-Que Choisir s’est mobilisée dès 2021 contre une telle ré-autorisation.

L’UFC-Que Choisir demande l’interdiction des pesticides suspectés d’être cancérogènes ; un transfert progressif des aides de la PAC en faveur de l’agriculture biologique, de l’agriculture intégrée et de l’agroécologie ; l’application du principe pollueur/préleveur-payeur ; une application stricte et suffisamment protectrice des réglementations protégeant les espaces à forts enjeux environnementaux ou de santé.

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Pour plus d’informations :

https://www.quechoisir.org/billet-du-president-glyphosate-on-en-reprend-pour-10-ans-n111358/

https://www.quechoisir.org/nos-combats-agriculture-contre-l-utilisation-des-pesticides-n109202/

https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021/

https://www.lemonde.fr/comprendre-en-3-minutes/article/2023/10/07/pourquoi-le-glyphosate-revient-il-inlassablement-dans-le-debat-comprendre-en-trois-minutes_6192957_6176282.html