La pollution plastique est omniprésente. Le Parlement Européen chiffre entre 4,8 et 12,8 millions de tonnes de plastique rejetés dans les océans. Les microplastiques, conséquence de la dégradation des déchets plastiques, sont présents des profondeurs océaniques aux plus hauts sommets terrestres, jusque dans notre atmosphère.
Pour le moment, les industriels n’entendent pas freiner leur production (500 millions de tonnes par an dont à peine 9 % recyclés). Mais nous, consommateurs, à notre niveau, nous pouvons réduire notre consommation de plastiques en modifiant certaines de nos habitudes.
Une de nos adhérentes, Mme D. s’est fixé comme objectif un mois sans plastique. Elle nous raconte son expérience :
La lecture du livre « La famille zéro déchet » et la vision cauchemardesque d’un cinquième continent de plastiques en dérive m’ont poussé à relever le défi de ce « mois sans ». Une formule que j’aime bien car elle permet de remettre en cause ses habitudes et d’explorer de nouvelles façons de vivre et d’agir (j’ai d’ailleurs réalisé entre temps que le « mois sans plastique » existe officiellement en juillet.)
J’ai déjà adopté depuis longtemps les sacs en tissu pour l’achat des fruits et légumes, les savonnettes pour la douche, les shampooings solides, la lessive en poudre. Bien sûr, je bois de l’eau du robinet ce qui me permet d’utiliser de très jolies carafes chinées (après y avoir déposées quelques perles de céramique pour enlever le goût du chlore.)
Pour éviter d’entrer dans des raisonnements trop compliqués, je me suis limitée à éviter tout achat de plastique en m’autorisant tous les autres contenants recyclables (verre, aluminium, boîtes de conserve, papiers, cartons…)
Ce qui a changé dans ma façon de consommer :
J’ai prêté une grande attention aux emballages des produits secs pour éviter les sachets cuissons, les fenêtre cristal sur les paquets cartons… J’ai résisté aux filets tout prêts d’oignons et de pommes de terre. J’ai boycotté les surgelés et privilégié le rayon « à la coupe » pour les viandes, les charcuteries et, quand c’était possible, les fromages. Côté yaourts, les pots de verres ont remplacé les pots en plastiques.
J’ai testé avec plus ou moins de succès le « fait maison » les frites au four à base de vraies pommes de terre ou le guacamole sans le sachet d’aromates tout prêt.
J’ai décidé de terminer tous les thés fantaisie que j’avais en stock avant de racheter ma marque habituelle.
J’ai opté pour des chaussettes en coton plutôt que de réapprovisionner mon stock de mi-bas.
J’ai découvert que les pots en verre gratuits (pots à cornichons, à soupe) que je jetais d’habitude remplacent avantageusement les boites «Tupperware» et les sachets congélation.
Ce que j’ai retrouvé dans ma poubelle à la fin du mois (en plus des emballages en plastique des produits achetés le mois précédent) : les Tétra packs, les plastiques des packs des lots de lait ou de crème fraîche, les emballages de fromage (pas toujours disponibles à la coupe), les couvercles des pots de nescafé ou d’épices, les feuilles des emballages à la coupe (je n’ai pas osé apporter mon propre récipient à tarer), les plastiques cachés sous une honnête boite en carton…. En tout, une poubelle de 20 litres.
Les difficultés:
Les produits en vrac (souvent bio) sont chers, et les produits à la coupe, en plus d’être coûteux, ont une D.L.C. (Date Limite de Consommation) plus courte, ce qui oblige à congeler…
Les achats à la coupe, ou en vrac m’ont coûté 30€ de plus que leurs équivalents en libre-service ou en lots ; soit 6% de mes dépenses alimentaires de ce mois. Même le « fait maison » a du mal à rivaliser avec le « tout prêt ». En revanche, je n’ai pas comptabilisé en économie le «superflu» auquel j’ai résisté (comme cette petite écharpe 100% polyester mais si douce.)
Ce mois sans plastique, m’a permis de constater qu’une alternative est possible. Des solutions sont parfois directement proposées par la grande distribution, soucieuse de récupérer la clientèle sensible à ce type d’argument. J’ai, par exemple, eu la surprise de découvrir un savon à vaisselle solide, perdu au milieu du linéaire des liquides vaisselle. J’espère susciter, avec cet article, quelques vocations, et je compte bien de mon côté, renouveler l’expérience.
Mais, je suis également découragée par l’omniprésence de ce matériau dans tous les domaines de la consommation (mode, beauté, équipement, décoration, sans parler des gadgets en tout genre). Dans l’alimentaire, de nouvelles propositions (aberrantes à mon sens) ont fait leur apparition, comme des bars à sushis ou encore des snacks de fruits ou légumes déjà épluchés et coupés.
L’arrêt du plastique à usage unique est prévu pour 2040 alors que des changements simples pourraient s’opérer immédiatement. Rien ne pourra se faire sans une véritable volonté politique.